Zellige – Quand les habitants mettent la main à la pâte
Les habitants de Zellige ont pris leur quartier fin juillet sur le boulevard de la Prairie-au-duc. Dans ce coin de l’île de Nantes en pleine expansion, Zellige se démarque par son caractère collectif : quinze familles se sont rassemblées pour réaliser leur projet d’habitat participatif.
Encore peu répandue, cette forme d’habitat est basée sur la convivialité et le partage. Pour mieux comprendre en quoi cela consiste, nous nous sommes entretenus avec Nathalie Nica-Retailleau, membre du collectif Les Ruches et nouvelle co-propriétaire.
Constituer un groupe de travail
Pour Nathalie Nica-Retailleau, l’idée d’habitat participatif a germé il y a de cela dix ans. Il n’y avait alors que trois familles intéressées et une réflexion peu ou prou aboutie. C’est en rencontrant le promoteur social GHT que les choses se sont accélérées. Jamais deux sans trois et après deux essais, c’est finalement en 2014 que les familles participantes ont répondu à l’appel d’offre lancé par la Samoa. Pour la première fois, le cahier des charges incluait le souhait de faire participer activement les habitants à la conception du projet immobilier. Pour donner du poids à leur candidature, les familles se sont constituées en collectif d’habitants, formant les RUCHES, acronyme pour Rêve Urbain Coopératif pour une Habitat Ecologique et Solidaire. Formule gagnante qui leur a permis de démarrer le projet dès 2015.
C’est ensuite en utilisant leur réseau personnel, le bouche-à-oreille et le temps des réunions publiques que le collectif a recruté le restant des volontaires. Au total, ce sont quinze familles qui ont investi le projet d’habitat participatif accordant leurs violons sur le choix des architectes, des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvres. Professionnels et habitants ont été aidés dans leurs démarches par Wigwam Ingénierie qui a organisé 5 ateliers participatifs pour mettre d’accord tout le monde.
Participer activement à la construction de son environnement
L’habitat participatif donne un rôle de premier plan à ses habitants, prenant en compte les besoins de chacun et du collectif. Ainsi, chaque famille a pu personnaliser son logement, de sorte qu’aucun de leur appartement ne se ressemble. Pour les équipes de professionnels en charge du chantier, le défi a été de taille : il a en effet fallu composer avec les budgets et les manières de vivre de chaque foyer !
Qui dit participatif dit collectif. Les notions de mutualisation et de partage (de biens ou de services) sont omniprésentes à Zellige et ne se limitent pas aux Ruches. En effet, si les quinze familles bénéficient d’espaces partagés qui leur sont exclusivement réservés (une chambre d’ami, une buanderie et une salle commune avec accès privatif à une terrasse), il n’est pas pour autant question de faire bande à part ! Elles s’investissent également dans la vie collective de l’ensemble de la co-propriété (cent logements au total constituent le bâtiment). Il faut dire qu’entre la terrasse (cette fois-ci commune à tous les habitants), la salle commune associative qui pourra accueillir des AMAP et d’autres activités ; ainsi que le jardin en cœur d’ilot dans lequel viendra s’insérer un compost, un poulailler et un atelier de bricolage, il y a de quoi s’occuper !
Selon Nathalie Nica-Retailleau, un tel projet demande beaucoup d’investissement mais les bénéfices sont déjà visibles : un lien de confiance s’est établi entre les familles. Leur seul regret ? Ne pas avoir passé le confinement ensemble.
“Avec Zellige, les réflexions sur les usages n’ont jamais été poussées aussi loin, aussi fort. A toutes les étapes de conception, la participation des acteurs du projet (y compris futurs habitants) a permis de construire une vision commune et partagée autour de l’habitat collectif.” – Arthur Pommereuil, chargé de projets Espaces publics à la Samoa.
Et à long terme ?
Qu’ils fassent partie du « groupes des 15 » ou du « groupe des 100 », les habitants se donnent le temps d’apprivoiser leur nouvel environnement et de faire plus ample connaissance avec le voisinage. Et quoi de mieux pour briser la glace que de monter une association ayant pour but de gérer l’utilisation des espaces communs ? A l’échelle de l’ilot et du quartier, tout reste à imaginer.
