Qu’est-ce qu’une ville inclusive et solidaire ? L’exemple de l’île de Nantes

Il arrive que certaines populations rencontrent des obstacles sociaux et/ou urbanistiques, les rendant plus vulnérables. Elles peuvent alors souffrir d’exclusion et ne pas être intégrées dans les villes. Pour remédier à cette situation, des actions concrètes de solidarité et d’inclusion se mettent en place. Pôle de restauration et d’hygiène, village solidaire, maison partagée ou réseau de commerçants solidaires, ces actions sont souvent le fait d’une dynamique collective entre différents acteurs-clés : les associations qui œuvrent pour les plus démunis, les collectivités publiques, les aménageurs, les acteurs privés et les usagers.

Des actions innovantes et solidaires pour vivre ensemble

Lorsqu’ils poussent les portes de l’espace Agnès-Varda, rue Pierre Landais, les usagers y trouvent à la fois un restaurant social et un service de bains-douches en plein cœur de la métropole, dans le quartier de la création. Fait particulier, cet équipement solidaire, ouvert début 2020, a été coconstruit avec ses bénéficiaires pour répondre au mieux à leurs besoins et attentes. De la conception du bâtiment en passant par le choix des équipements à la définition de règles de vie commune, les usagers ont été impliqués de A à Z. Cet espace solidaire illustre l’ambition de la Samoa, société d’aménagement créée en 2003, d’encourager la mixité sociale et de fabriquer une ville inclusive sur l’île de Nantes.

Il n’est pas le seul puisqu’en 2021 et 2023 viendront s’ajouter les projets des 5Ponts et la future Maison d’Henry. Le premier, porté par l’association Les Eaux Vives, est un lieu innovant de partage et d’avenir. Il défend la conviction que les personnes sans-abris ont besoin d’un lieu où elles puissent rester dans la durée et tisser des liens avec les autres pour pouvoir rebondir et penser à leur futur.  La future Maison d’Henry est, quant à elle, un projet de la Croix-Rouge française. Maison partagée, elle œuvrera pour l’autonomie des publics fragilisés et/ou des personnes aidantes, pour restaurer leur sentiment de sécurité et de confiance, ainsi que pour changer le regard sur la longévité et le handicap.

Comme le montrent ces différents projets, chaque programme est unique et cible un public en particulier. Plus qu’un logement, il s’agit d’offrir aux personnes concernées un espace de vie propice au repos, aux rencontres et à l’insertion. De plus, un pan important de l’inclusion repose dans le développement de moments partagés et conviviaux. C’est ce que défend l’association La Cloche qui, par ses diverses actions, permet aux personnes sans domicile de bénéficier de services gratuits mais aussi de participer à des actions culturelles. Elle a ainsi noué un partenariat avec Stereolux donnant la possibilité aux festivaliers de laisser leur consigne de gobelets au profit de l’association et ainsi participer au financement d’un atelier d’orgue sensoriel. Par ailleurs, La Cloche tient un accueil de jour au Wattignies Social Club où les bénéficiaires viennent récupérer des bons mis en place entre commerçants solidaires mais aussi partager un moment convivial autour d’une boisson chaude.

Réinventer collectivement les solidarités

Souvent, à l’origine de programmes inclusifs comme celui des 5Ponts ou le village solidaire de la Croix-Rouge française, il y a le projet d’une association, défendu par la Ville de Nantes et Nantes Métropole. La ville inclusive se fabrique donc collectivement et à plusieurs niveaux !

Ainsi, la Samoa met à disposition des associations ses compétences d’ingénierie et son expertise d’aménageur. Elle est d’abord sollicitée pour répondre au besoin en foncier (l’île de Nantes, nouvelle centralité, est bien desservie), elle accompagne les associations dans le montage des opérations immobilières et elle les aide, si besoin, dans la recherche de partenaires (bailleurs sociaux, promoteurs privés, etc.). La Samoa joue ici le rôle de facilitateur dans la mise en relation. Cela a notamment été le cas pendant le projet des 5Ponts où la société d’aménagement a, entre autres, coordonné les différents acteurs impliqués mais aussi participé à l’achat de la serre faisant partie de la ferme urbaine.

L’île des communs et du bien-être

L’ambition de la Samoa en termes de ville inclusive est inscrite dans Le Manifeste pour une île durable, un manifeste élaboré en 2019 en concertation avec les urbanistes, les citoyens, les services de la métropole nantaise et les acteurs institutionnels et économiques. Ce manifeste identifie quatre orientations principales dont :

• L’île des communs : qui signifie pouvoir accueillir toutes les populations, favoriser tous les usages et encourager la coproduction ainsi que la concertation.
• L’île du bien-être : qui veut offrir de nouveaux lieux de convivialité, donner l’occasion de faire une pause, encourager la solidarité et l’entraide, et contrer la solitude.

Pour une île résolument inclusive et solidaire !

POUR ALLER PLUS LOIN, CONSULTer le dossier dédié dans transformation(s) n°25