[Portrait] Ces femmes qui aménagent l’île de Nantes – Lena Cloarec
La Samoa a choisi la date du 8 mars, Journée des droits des femmes, pour mettre en lumière le quotidien de ses collaboratrices. Pilotes de l’aménagement de l’île de Nantes, elles travaillent à la conception de projets d’envergure, parfois même atypiques, sur un territoire de 337 hectares. Coup de projecteur sur Lena Cloarec, Cheffe de projets Aménagement, et Virginie Barré, Responsable Construction.
Cheffe de projet aménagement, ça veut dire quoi ?
Comme son nom l’indique, la cheffe de projets pilote des projets urbains de A à Z, de la naissance de l’idée en passant par la programmation, la conception, les travaux sur site jusqu’à leur livraison. A la Samoa, les projets urbains sont toujours de nature, taille et budget différents ; ce qui rend le quotidien intéressant. Nous travaillons régulièrement avec des AMO – assistance à maîtrise d’ouvrage – qui nous accompagnent sur la conception des différents projets, nous prodiguent des conseils sur des thématiques et des enjeux phares, comme le climat ou la concertation citoyenne. L’intérêt est de faire en sorte que chaque projet soit en adéquation avec les attentes des principaux intéressés, c’est-à-dire les usagers, tout en respectant la règlementation
Parmi les équipes, nous avons tous une spécialité, qui se façonne avec le temps et par affinité, sur laquelle nous faisons une veille au long cours. Pour moi, il s’agit du réemploi, un sujet auquel je suis sensible depuis longtemps. Ainsi, à la Samoa, nous avons plusieurs vies, plusieurs postes différents. A mon arrivée, il y a sept ans, mon poste était d’abord assez technique, puis il a bifurqué vers la conception des espaces publics avec, notamment, les futurs Jardins de l’Estuaire.
Comment et pourquoi mettre en place une stratégie de réemploi dans le secteur de l’aménagement ?
Le réemploi des matériaux est la marque de fabrique de l’île de Nantes depuis le début du projet d’aménagement. Cela permet de réduire les coûts mais aussi de garder des traces du passé. C’est le cas sur le parc des Chantiers où les cales, passerelles, rails, sols et grues ont été complètement intégrés au projet. Par la suite, la stratégie de réemploi s’est renforcée avec la préparation du terrain du futur CHU et la démolition de l’ancien MIN de Nantes. Pendant cinq ans, il a fallu libérer le terrain, ce qui s’est traduit par la récupération de plusieurs tonnes de matériaux (pavés, bordures, etc.) Au lieu de les détruire, nous les avons stockés dans un espace que nous appelons le « magasin de la Samoa », créé il y a près de trois ans maintenant, et dans lequel on retrouve des types de matériaux spécifiques provenant de divers chantiers pilotés par la Samoa. On y trouve ainsi des pavés de béton de 10 cm par 10 cm, des pavés nantais en granit, des bancs, des lampadaires, , etc. Les paysagistes et maîtres d’œuvre avec lesquels nous travaillons y ont accès, et peuvent s’y fournir en fonction des besoins de nos chantiers. Ce système permet de réduire les coûts de production et de transport, en plus de donner une seconde vie aux matériaux.
Son projet le plus emblématique ?
Il y en a plusieurs, évidemment. Outre le chantier du futur CHU et la démolition du MIN, je peux citer la réhabilitation du quai Wilson. C’est assez inhabituel pour un aménageur de s’occuper de la réparation d’un quai ; c’est une opération très technique. Ayant fait des études en génie civil et en particulier sur des ouvrages d’art comme des quais, des ponts ou encore des digues, c’est la raison pour laquelle j’ai postulé ( ?) à la Samoa à l’origine. Aujourd’hui, le projet phare sur lequel je travaille sont les futurs Jardins de l’Estuaire. C’est un corridor vert qui fera le lien entre tous les quartiers de l’ouest de l’île et qui doit répondre à deux enjeux majeurs : la ville non sexiste et la ville durable. Pour cela, nous travaillons main dans la main avec Nantes Métropole. Ainsi, nous récoltons les avis et les expertises de différents services (espaces verts, déchets, urbanisme, sécurité…), qui nous servent à créer le programme de conception et organiser la gestion de cet espace. Le tout est validé par les élus, transmis aux paysagistes en charge des Jardins de l’Estuaire, et nous menons une phase de concertation avec les citoyens pour créer des espaces appropriés à leurs besoins et envies.